Rapport sur le vieillissement & faits surprenants

Publié le par denier

Vieillissement, activités et territoires à l'horizon 2030 - Rapport de Michel Godet et Marc Mousli

 

Quelques faits surprenants sur les vieillissements, les activités et les territoires

 

 

          L’espérance de vie à la naissance continue à augmenter. En 2030, elle sera de 82 ans pour les hommes et de 87 ans pour les femmes. Cet accroissement se fait dans de bonnes conditions : l’âge moyen des personnes dépendantes passera à 85 ans pour les hommes (79 actuellement) et à 88 ans pour les femmes (83 actuellement).

 

          En 2030, la France pourrait compter 20 millions de personnes de plus de 60 ans, pour 32 millions de 20-59 ans et 15 millions de moins de 20 ans.

 

          Il faut relativiser le vieillissement dans les entreprises : l’âge moyen de la population en âge de travailler (20-59 ans) va baisser à partir de 2007, année où l’effectif des classes sortantes commencera à être supérieur à celui des classes entrantes.

 

          En raison du vieillissement et de la multiplication des séparations et des recompositions familiales, le nombre de ménages va augmenter de 24% par rapport à 1999 pour atteindre près de 30 millions en 2030, entraînant des pressions sur le logement et une remise en cause de la solidarité intergénérationnelle (moins d’enfants, plus de personnes âgées, héritage plus tardif, voire plus d’héritage du tout).

 

          Les femmes en couple ont en moyenne de 7 à 9 ans d’espérance de veuvage : les hommes épousent des femmes de 2 à 3 ans plus jeunes et vivent 5 à 6 ans de moins qu’elles.

 

          La majorité des retraités vieillissent là où ils ont passé leur vie, notamment dans le périurbain – ce qui va poser des problèmes de transport et d’accessibilité des services, même dans des zones urbanisées, à quelques kilomètres des centres-villes. Depuis 1980, on estime que seulement 7% des personnes âgées ont quitté leur département, 5% leur région. Mais ces moyennes traduisent très mal une réalité fortement contrastée : ce sont 25% des Parisiens et 12% des habitants des grandes villes de province qui vont s’installer ailleurs lors de leur retraite. Le pourcentage est croissant avec la position sociale, le revenu et l’instruction.

 

          Depuis le début du XXIe siècle, l’Europe accueille plus de migrants que les États-unis. Plusieurs pays d’Europe enregistrent annuellement plus de décès que de naissances. Les besoins de main-d’œuvre pour l’Europe à l’horizon 2025 sont de l’ordre de 20 millions d’actifs. Comme l’ont déjà compris quelques pays (Espagne, Italie, Allemagne), seul un solde migratoire élevé permettra d’éviter à terme des pénuries de main d’œuvre.

 

          Les revenus des ménages retraités vont continuer à augmenter avec l’arrivée à l’âge de la retraite de générations comportant une forte majorité de couples bi-actifs, puis ils stagneront voire diminueront à partir de 2025.

 

          A partir de 2030, les classes nombreuses des baby-boomers fourniront un effectif élevé de grands vieillards (85 ans et plus). Le nombre de personnes dépendantes pourrait augmenter d’environ 50% par rapport à la situation actuelle.

 

          Plus de 92% des personnes ayant de 80 à 84 ans vivent en logement autonome. Elles sont encore plus de 84% dans la tranche 85-89 ans, et 71% dans la tranche 90-94 ans !

 

          « La meilleure prévention des délits », ce sont « les yeux de la rue », c’est-à-dire des fenêtres donnant directement sur la rue (et pas derrière des murs ou des haies).

 

          On compte chaque année 10 000 acquisitions immobilières par des étrangers, alors que le parc de logements croît de 350 000 logements par an ; les plus présents sont les B ritanniques, qui se répartissent sur une large partie du territoire, avec toutefois une préférence pour le Grand Sud-Ouest, où ils seraient 10 000 (dont 5 000 en Dordogne), le Limousin (7 500) et la B retagne (5 000).

 

          La participation électorale varie avec l’âge. Les plus de 60 ans représentent 30% des votants aujourd’hui. Ils seront 45% en 2030.

 

          Ce n’est pas parce que 500 000 dirigeants atteindront l’âge de la retraite dans les dix ans à venir que 500 000 entreprises seront à reprendre. Nombre d’entre elles n’ont aucune valeur d’actif (la moitié, d’après certains professionnels). Dans certaines activités il y a beaucoup plus de créations que de reprises (services aux entreprises, santé, construction).

 

          Aujourd’hui, près d’une commune sur deux (18 000) se trouve sans aucun commerce de proximité. Si l’on tient compte des fermetures simultanées de plusieurs magasins, les plus petites communes ont vu disparaître les deux tiers de leurs commerces de proximité en trente ans, et les communes de 250 à 500 habitants environ la moitié.

 

          La croissance du secteur des services aux particuliers entre 2001 et 2015 pourrait nécessiter près d’un demi-million de personnes de plus, dont 420 000 pour deux métiers : employés de maison et « assistantes maternelles et aux personnes âgées ». Ces nouveaux besoins, s’ajoutant aux remplacements des départs, portent à plus de 1 200 000 le nombre de postes à pourvoir.

 

...
CHOIX DE VIE ET ECONOMIE PRESENTIELLE

Les pistes d’actions évoquées recouvrent deux grands enjeux, qui devraient pouvoir guider l’action publique et des entreprises.
Tout d’abord, il est important que chacun puisse réaliser son choix de vie, indépendamment de son âge. Les problèmes posés par les besoins contradictoires des jeunes et des moins jeunes doivent au minimum être discutés. Les mentalités doivent intégrer que  chaque  génération a besoin des autres. Deux grands sujets doivent par ailleurs mobiliser. Le premier est la nécessité de développer et professionnaliser l’aide à domicile, dont les besoins vont croître fortement avec le vieillissement de la population. Le second a trait à l’aménagement urbain et au logement, qui doit être adapté aux seniors.
Ensuite, les territoires doivent maintenir et stimuler les activités, en mettant en œuvre des stratégies fondées sur «l’économie présentielle». Ceux-ci, dans l’inévitable concurrence qu’ils se livrent, ont intérêt à créer des pôles de qualité de vie et de services, en misant sur le génie des lieux. De telles stratégies doivent tenir compte des besoins des seniors, tout en s’efforçant d’éviter les conflits entre  générations. Les stratégies régionales sont en effet trop souvent occupées par le souci exclusif d’attirer des centres de production. Ce faisant, elles ne prennent que peu en compte l’économie locale de la consommation, liée au revenu, alors même que la redistribution opérée par les transferts sociaux et fiscaux au niveau national entraîne une déconnection relative entre PIB et revenu disponible au niveau local. À cette fin, il faut encourager les territoires à organiser une veille prospective et à faire connaître et valoriser leur stratégie auprès du public.

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